Le Musée Maillol à Paris présente une exposition importante tant par la variété et la grandeur de ses artistes (Picasso, Basquiat, Dubuffet, Giacometti, Klee…) que par la force des oeuvres exposées.L’exposition a pour point de départ une expression que le peintre américain Rothko a fait sienne : « Si tu cherches le feu, tu trouveras les cendres ».

Le feu sous les cendres est une exposition qui s’attache à présenter une pluralité de tendances qui ont provoqué dans l’histoire de l’art moderne des ruptures comparables à celles des avant-gardes du début du siècle. Les artistes réunis au sein de cette exposition ont en commun l’exploration des profondeurs d’une mémoire involontaire pour en extraire les matériaux de leur inspiration. Cette expérience de l’inconnu a libéré en eux un geste jugé prétendument naïf ou ingénu, car détaché de tout enracinement culturel. Dans les créations, ou plutôt dans la poétique de ces artistes, les mécanismes du souvenir se tournent vers les graffitis préhistoriques, tout autant que vers les arts primitifs. Chaissac et Dubuffet, pour donner vie à l’art brut, iront jusqu’à rejeter tout type d’influences.

Mark Rothko avertit dans ses écrits à quel point s’enfoncer dans la peinture comporte de risques pour celui qui accepte d’y engager tout son être. Un peintre dont le psychisme se projette entièrement dans cette recherche de l’inconscient ignore ce qu’il va rencontrer. «

J’ai voulu peindre le cri plus que l’horreur », reconnut Francis Bacon lors de ses entretiens avec David Sylvester à propos de l’insoutenable vérité qui émanait de ses oeuvres. « La seule possibilité de renouvellement réside dans le fait d’ouvrir les yeux et de voir le désastre actuel. Un désastre incompréhensible mais qu’il faut laisser entrer car c’est la vérité », confia-t-il à son interlocuteur.